La BCE acte une pause dans ses hausses de taux
Photo d’archives des drapeaux de l’Union européenne (UE) à Francfort, en Allemagne. /Photo prise le 8 juillet 2020/REUTERS/Ralph Orlowski
FRANCFORT (Reuters) — La Banque centrale européenne (BCE) a choisi jeudi de maintenir son taux directeur à son niveau actuel, évoquant une transmission vigoureuse des hausses de taux passées aux conditions financières et une inflation en recul.
Le taux de dépôt est maintenu à 4%, son plus haut niveau depuis la création de l’euro en 1999, après avoir été relevé à dix reprises depuis juillet 2022.
Christine Lagarde, présidente de la BCE, a déclaré lors d’une conférence de presse que l’économie de la zone euro était faible, mais elle a souligné que les pressions sur les prix restaient fortes et qu’elles pourraient être encore aggravées si le conflit au Proche-Orient entraînait une hausse des coûts de l’énergie.
«Nous devons faire preuve de constance. C’est la décision d’aujourd’hui : nous maintenons notre position», a déclaré Christine Lagarde, ajoutant que toute discussion sur l’évolution future des taux d’intérêt, y compris concernant des baisses de taux, était prématurée.
«L’inaction est parfois synonyme d’action. Une décision de maintien est significative», a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle avait été prise à l’unanimité.
S’exprimant à Athènes, où les responsables de la BCE se sont réunis pour la première fois en 15 ans, Lagarde a déclaré qu’il était clair que les hausses de taux décidées jusqu’à présent avaient eu un impact important sur l’économie, en réduisant notamment la production de prêts bancaires. Le rendement du dix ans allemand a reculé de 4,6 points de base à 2,841% à 13h53 GMT, contre une baisse de 8 pb pour le 10 ans italien, à 4,837%.
La décision de maintenir les taux inchangés devrait renforcer les attentes selon lesquelles les plus grandes banques centrales du monde, y compris la Réserve fédérale, ont pratiquement fini de resserrer leur politique monétaire, mettant ainsi fin à une série sans précédent de hausses de taux simultanées.
Les investisseurs parient déjà sur une baisse des taux de la BCE dès le mois de juin 2024 et sur deux baisses d’ici octobre prochain, un calendrier que certains responsables de politique monétaire considèrent comme irréaliste.
ECONOMIE
Les perspectives économiques de la zone euro s’obscurcissent.
L’industrie est en récession, les indicateurs avancés sont en repli, la consommation est atone et même le marché du travail a commencé à s’affaiblir, ce qui laisse présager une contraction au second semestre 2023.
«L’économie devrait rester faible jusqu’à la fin de l’année», a déclaré Lagarde. «Mais avec la poursuite de la baisse de l’inflation, le redressement des revenus réels des ménages et la reprise de la demande pour les exportations de la zone euro, l’économie devrait se renforcer au cours des prochaines années.»
L’inflation dans la zone euro, qui s’élevait à 4,3% en septembre, devrait retomber à environ 3,1% en octobre, selon le consensus. Ce taux reste bien supérieur à l’objectif de 2% de la BCE.
PEPP
La déclaration de la BCE sur le PEPP est restée inchangée dans le communiqué, et la banque a réitéré sa promesse de réinvestir toutes les échéances jusqu’à la fin de l’année 2024.
Christine Lagarde a indiqué qu’il n’y avait pas eu de discussion sur une réduction anticipée du programme de réinvestissement du PEPP.
Toutefois, certains responsables de politique monétaire estiment que cet engagement est excessivement long et que la banque devrait y réfléchir à nouveau.
Pour autant, ces réinvestissements constituent la «première ligne de défense» pour les économies vulnérables de la zone euro comme l’Italie, la BCE pouvant ajuster ses achats d’obligations d’Etat pour protéger les économies les plus faibles d’une volatilité excessive.
Cela suggère que toute modification du PEPP n’est pas imminente et qu’elle serait en tout état de cause progressive.
(Rédigé par Balazs Koranyi, Francesco Canepa, version française Corentin Chappron, édité par Jean-Stéphane Brosse)